Un monument emblématique de Melilla
Petite
histoire d'un monument emblématique de Melilla.
Le monument aux "Héros de l'Espagne" |
Le monument "tagué" en 2001 en signe de protestation |
La
ville Autonome de Melilla a enfin, au bout de 11 années d’atermoiements, décidé1
de transformer le monument en hommage au « Soulèvement
National » (Levantamiento
Nacional = coup d'état franquiste de 1936) pour
le rendre conforme à la Loi sur la Mémoire Historique de 2007 qui
stipule que tous les monuments exaltant le soulèvement franquiste et
la dictature qui suivit jusqu'en 1975, date de la mort de Franco,
devront être ôtés de l'espace public.
Construit
en 1941, ce monument reprend toute la symbolique franquiste -le
slogan Una,
Grande, Libre ; le joug et les flèches,
symbole du parti fasciste, la Falange ; l'aigle impérial
au-dessus de la statue, ainsi que la date du 17 juillet 1936, date du
soulèvement à Melilla- mais jusqu'à ce jour il est resté intact
en plein cœur de la ville de Melilla malgré les protestations de
citoyens melillenses
qui réclamaient depuis longtemps sa destruction : j'avais été
témoin en 2001 d'actions de protestation contre le monument en
question.
Le café "La Peña" avant la guerre civile espagnole |
Quand
on étudie l'histoire de ce monument, on comprend mieux le combat de
ces associations de citoyens de Melilla contre le monument. En effet,
outre le fait qu'il exalte explicitement le coup d'état franquiste
contre le gouvernement légal de la II°République, il faut savoir
que sa localisation en plein centre de la ville n'est pas due au
hasard : sur la place Héroes
de España
où se dresse aujourd'hui le monument, il y avait jusqu'en 1939 un
café, le café La
Peña
, où se réunissaient régulièrement militants politiques de gauche
et syndicalistes.
Raser le bâtiment signifiait pour le nouveau
pouvoir franquiste, effacer à tout jamais le souvenir de ces femmes
et de ces hommes qui avaient voulu défendre à tout prix la jeune
démocratie espagnole.
L'Assemblée
Municipale de Melilla a donc décidé de « constitutionnaliser 2» le monument,
c'est-à-dire de lui enlever toute la symbolique franquiste pour ne
garder que la statue proprement dite en bronze et en faire un
monument en hommage au soldat espagnol.
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